17 mars 2018

Souvenons-nous de Sexe, mensonges et vidéo (Sex, Lies and Videotape, 1989), titre génial, maintes fois repris et détourné, qui a probablement contribué à rendre célèbre ce petit film indépendant et lancer la carrière de son réalisateur, le tout-jeune Steven Soderbergh. 

Il est fort probable que les spectateurs non-habitués au cinéma d’art et d’essai, attirés par la promesse d’une histoire sulfureuse, ont été considérablement refroidis pendant la séance. 

En effet, le titre est essentiel. Trouver un bon titre pour son film n’est pas une des choses les plus simples pour un scénariste ou un réalisateur. Il faut réussir à résumer l’esprit d’un film, son sujet, l’ensemble de son travail en une seule phrase, parfois en un seul mot (Duel, Vertigo, Titanic, Carrie, Aviator, Scanners, Memento, Melancholia, Gladiator, Amour, Irréversible, Cube, Inception, Matrix, Pi, Fargo, Saw, etc.).
 
 


Les Titres de films 

Le titre représente généralement la première chose que l’on cite en évoquant un film, avant même le casting, le nom du réalisateur ou le résumé. Pour peu qu’il manque d’inspiration ou soit simplement imprononçable à la caisse de la salle de cinéma (Eyjafjallajökull, RRRrrrr !!!), il y a fort à parier que cela aura une conséquence sur le score au box-office... 

Cet article va s’intéresser, dans un premier temps, à la traduction française des titres étrangers. Même sil arrive que la traduction passe à côté de certaines subtilités des titres originaux (quand elle n’est pas carrément à côté de la plaque), elle parvient aussi, parfois, à être meilleure que le titre original, même si c’est rare, au point que l’on en vienne à préférer citer le titre français. On continue de dire par exemple Voyage au bout de l’enfer, Furyo ou Les Dents de la mer

Nous verrons ensuite quelques titres de films à ne pas confondre, et enfin, des parodies de titres célèbres, plus précisément dans le registre du cinéma pornographique. 
  
Quelques titres meilleurs en français

Même fidèlement traduits dans la langue de Molière, certains titres restent meilleurs en anglais. Avouons-le, ni La Blonde framboise (The Strawberry Blonde, 1941, de Raoul Walsh) ni La Tempête qui tue (The Mortal Storm, 1940, de Frank Borzage), bien qu’il s’agisse de traductions très fidèles, ne sonnent bien en français. Ce sont là des exemples prouvant quil faut parfois changer, et cela peut même être pour le mieux

Il existe ainsi quelques rares cas de retitrages que je trouve meilleurs que les originaux. Par exemple, L’Impasse est une image qui résume parfaitement le chef-d’œuvre de Brian De Palma Carlito’s Way (1993) qu’une traduction littérale aurait affadit, tout comme Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter, 1978) de Michael Cimino, ou encore Celui par qui le scandale arrive (Home From the Hill, 1960) de Vincente Minnelli, pour ne citer que ceux-là. 

Mais celui qui me vient toujours en premier à l’esprit est Les Dents de la mer (1975), au lieu de Jaws (« mâchoires »). 
Spielberg aurait lui-même déclaré préférer le titre français, qui perd cependant beaucoup de son charme quand on songe au titre pour la suite (ce qui aurait dû donner « Les Dents de la mer-deux » mais pour éviter le drame, les distributeurs français l’ont sagement baptisé Les Dents de la mer, 2e partie).
 
Même si la traduction est approximative et que plus personne ne l’utilise, j’ai toujours préféré La Guerre des étoiles à Star Wars (qui pourrait se traduire par « les guerres stellaires »). 

Du Silence et des ombres (1962) de Robert Mulligan est un titre meilleur que ce qu’aurait donné la traduction littérale de To Kill a Mockingbird (« Tuer un oiseau moqueur »), mais le titre du roman à l’origine du film, en version française, était à l’époque Quand meurt le rossignol, plutôt joli, avant de devenir l’atroce Alouette, je te plumerai en 1989, et le définitif Ne tirez pas sur loiseau moqueur en 2005.  

Enfin, même si je ne suis pas particulièrement fan de la comédie Airplane!, ni de son titre d’ailleurs, je lui préfère le fameux Y a-t-il un pilote dans l’avion ? qui résume parfaitement le style burlesque du film.
  

Traductions étranges ou franchement ratées

Le cas inverse est beaucoup plus courant, et les traductions épouvantables ne manquent pas. Outre la récente mode de traduire un titre anglais par un autre titre anglais (le célèbre Very Bad Trip pour The Hangover), voici quelques exemples plus rarement cités. 

C’est à partir de sa comédie futuriste Sleeper, « dormeur » (devenue chez nous Woody et les robots, la traduction semblant vouloir insister sur l’improbable rencontre entre le réalisateur-acteur et le monde de la science-fiction), que Woody Allen demandera à ce que ses titres soient traduits fidèlement ou conservent leur titre original en français.
 
Intéressons-nous maintenant au cas particulier de L’Invasion des profanateurs de sépultures, alias Invasion of the Body Snatchers (1956) de Don Siegel. 
Le titre original pourrait se traduire par « l’invasion des voleurs de corps » ce qui, avouons-le, ne sonne pas terrible. 
Seulement, le titre choisi au final n’a plus aucun rapport avec le film (ou le roman) dans lequel il n’y a ni profanateurs, ni sépultures. L’hypothèse souvent évoquée est celle que le traducteur de l’époque s’était très probablement trompé d’histoire, et a confondu avec The Body Snatcher (sorti en France sous le titre Le Récupérateur de cadavres, 1945) de Robert Wise, sur un fossoyeur fournissant un médecin en cadavres frais.   

Il ne faut pas toujours se fier aux traductions trop littérales : Dog Day Afternoon (1975) de Sidney Lumet, qui signifie « Un après-midi caniculaire », est devenu en français Un Après-midi de chien.

John Ford a aussi connu quelques traductions pour le moins éloignées des titres originaux. My Darling Clementine (1946) est devenu La Poursuite infernale, When Willie Comes Marching Home (1950) est devenu Planqué malgré lui, sans oublier le fameux « Elle portait un ruban jaune », She Wore a Yellow Ribbon (1949), plus connu chez nous sous le titre La Charge héroïque.   

Mais l’un des plus malchanceux reste le réalisateur du Jour où la Terre s'arrêta (et coréalisateur de West Side Story), Robert Wise, qui a eu droit à beaucoup de titres remaniés en français, voire n’ayant aucun rapport avec le titre original, pour le meilleur et pour le pire : 
 
Blood on the Moon (1948) : Ciel rouge 
The Set-Up (1949) : Nous avons gagné ce soir 
Two Flags West (1950) : Les Rebelles de Fort Thorn
Executive Suite (1954) : La Tour des ambitieux
Tribute to a Bad Man (1956) : La Loi de la prairie 
Somebody Up There Likes Me (1956) : Marqué par la haine
Until They Sail (1957) : Femmes coupables 
Run Silent, Run Deep (1958) : L’Odyssée du sous-marin Nerka 
Odds Against Tomorrow (1959) : Le Coup de l'escalier 
The Haunting (1963) : La Maison du diable 
The Sound of Music (1965) : La Mélodie du bonheur 
The Sand Pebbles (1966) : La Canonnière du Yang-Tse 
Two People (1973) : Brève rencontre à Paris 
Rooftops (1989) : East Side Story
   
À ne pas confondre…
 
Asphalt Jungle (1950) de John Huston est devenu en français Quand la ville dort. Mais lorsque six ans plus tard est sorti While the City Sleeps de Fritz Lang, donc littéralement « Quand la ville dort », le film est sorti chez nous sous le titre La Cinquième victime.   

Le Ciel peut attendre (en anglais Heaven Can Wait) est à la fois le titre et la traduction exacte d’un film d’Ernst Lubitsch sorti en 1943, et celui d’un film de et avec Warren Beatty sorti en 1978. 
Cependant, ces deux-là n’ont strictement aucun rapport, le second étant par ailleurs un remake du Défunt récalcitrant (Here Comes Mr. Jordan, 1941) d’Alexander Hall.
 


1, 2, 3, 4Ces films-là non plus n’ont pas grand-chose en commun :
 
Le Premier Homme (2011) de Gianni Amelio. 
Le Deuxième Homme, titre français de The Running Man (1963) de Carol Reed, probablement choisi car le réalisateur est célèbre pour avoir réalisé Le Troisième Homme plusieurs années plus tôt. The Running Man n’est pourtant ni une suite, ni une préquelle (et n’a rien à voir non plus avec le film du même nom avec Arnold Schwarzenegger sorti en 1987)… 
Le Troisième homme justement, traduction littérale du grand classique The Third Man (1949), avec Orson Welles et Joseph Cotten. 
À ne pas confondre non plus avec Le Troisième homme était une femme, titre français du film Ada (1961) avec Dean Martin et réalisé par Daniel Mann (qui lui n’a aucun lien de parenté avec Anthony Mann, Delbert Mann ou Michael Mann). 
Viennent ensuite deux films qui portent le titre Le Quatrième Homme
D’abord l’excellent Kansas City Confidential (1952) de Phil Karlson (film dont l’intrigue inspirera grandement Quentin Tarantino pour Reservoir Dogs), et le non moins excellent – mais très différent – De Vierde man (1983) de Paul Verhoeven. 
• Après La Cinquième victime (While the City Sleeps, 1956), La 6e victime (Tell Me Something, 1999), puis La 7e cible (1984), Alien, le 8e passager (Alien, 1979) et pourquoi pas La Neuvième porte (The Ninth Gate, 1999), on en vient au Dixième homme (1988) de Jack Gold, mais toujours aucun rapport…



Quelques titres de films parodiés en pornos

Terminons par évoquer l’industrie du X, qui ne manque pas d’imagination quand il s’agit de pasticher et détourner des titres connus. En vrac, quelques exemples...  


Westerns X     

Le bon la broute et fourre son gland  
L'arrière-train sifflera trois fois  
Règlements de femmes à OQ Corral   
Rocco et les 'sex' mercenaires  
Pour une poignée de braquemards  
    
James Bande  

For Your Ass Only  
Agent 00 Sex  
Golden Ass 007  
Aux sévices secrets de Sa Majesté    

Stanley Lubrick  

Ass Wide Shut  
Banane mécanique   
Carotte mécanique  
Série des « 2001 » :
2001, l’Odyssée des seins 
2002, l’Odyssée de la queue 
2003, l’Odyssée des bras 
2004, l’Odyssée à quatre pattes 
2005, l’Odyssée à pointes 
2006, l’Odyssée de la saucisse 
2007, l’Odyssée de la quéquette 
2008, l’Odyssée du coït 
2009, l’Odyssée du p'tit œuf 
2010, l’Odyssée du pénis  

Science-friction / fantastix   

La Planètes des seins   
La Playmate des singes 
Biteman et Robite  
Biteman fourre Ever  
Dard Devil   
Babe Runner  
Edward Penishands
Qui veut la bite de Roger Rapeau ?  
Muffy the Vampire Layer  
Nightmare on Porn Street  
The Dickheads
Da Vinci Gode   
Penetrator 2 
Grunge Days  
Re-Penetrator  
The Sexth Element  
Trilogie « Seigneur des anus » (La Communauté de l’anus, Les Deux trous, Les Retours du doigt) 
Lord of the Strings   
L’enfileur des anneaux 
Analgeddon 
WIB Women in Black
Total rectal  
The Rocky Porno Video Show  
Matrique   
Chérie, j’ai agrandi les godes   
Les 4 fentes astiquent  
Predatouze   
Robocock   
Star Trik   
Porn Wars 
This Ain't Terminator XXX     

Quand pine Tarantino  

Niqueurs-nés  
Fuck Fiction  
Pulp Friction     
Nique Bill  
Inglorious Bitches 
Grindhouse XXX - Massacre At Pine Lake  

Harry peloteur  

Hairy Twatter  
Harry Potter et la Partouze de feu  
Harry Potter et l'Ordre du pénis  

Quelques suXès populaires français...    

Le Père Noël en a une dure  
Le Gland bleu  
Les Visiteuses  
Marcel Pignolle dans : La Chatte de ma mère   
Laisse tes mains sur mon manche   
Le Fabuleux vagin d'Amélie Bourrin  
Les Tontons tringleurs    
Bienvenue chez les ch’tites coquines  
Tout à déclarer  
Le Bal des hardeuses  
The Art'X   Trois hommes et un cul fin 
Les Femmes préfèrent les grosses   
Le Grande mouille  
La Vérité si je bande !  

Et quelques classix littéraires...      

Alice au pays des pervers 
Rodéo sur Juliette  
Captain Hooker & Peter Porn 
20.000 vieux sous mémère  
Pour qui sonne le gland ?  
Blanche fesses et les sept mains  
La Chatte sur un doigt brûlant  
Ali Baba et les 40 gauleurs  
Robinson suce Zoé  
Sire Anus de Vergerac

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